Les conséquences désastreuses des schismes d'Orient et d'Occident

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WE Foyers 1er trimestre 2019

La vérité dans la douceur de l'amour, remède pour surmonter les crises dans l'Eglise et la famille

Retrouvez, chaque samedi, une partie des enseignements qui ont été donnés lors de nos WE Foyers du 1er trimestre 2019 sur le thème : "La vérité dans la douceur de l'amour, remède pour surmonter les crises dans l'Eglise et la famille."

Aujourd'hui, voici la 2ème partie du 1er enseignement ! La 1ère partie est disponible ici !

 

I - La chrétienté en proie aux turbulences : du grand schisme avec l'Orient ( 1054) au schisme d'Occident (1378) (2/3)

Nous continuons aujourd'hui notre parcours des premiers siècles du deuxième millénaire de l'Eglise...

 

1 - du IXe au XVIe concile œcuménique

IXe Concile œcuménique – Le concile de Latran I (1123) ratifia le concordat de Worms (1122) entre le pape et l’empereur, contre l’investiture laïque (nomination des évêques et des abbés par les rois). Il s’efforça de lutter contre la simonie (trafic des fonctions ecclésiastiques et des actes du culte), contre le nicolaïsme (mariage des prêtres), et contre l’inféodation (aliénation de biens d’Église à une autorité). Ce Concile qui rassembla 300 à 500 évêques et Pères abbés a été réuni par le Pape Calixte II, qui prit seul la décision de le réunir, 3 siècles après le 8e Concile œcuménique. Dans la tradition byzantine, c’était l'empereur qui le convoquait. Ce concile témoigne du renforcement du pouvoir pontifical et enterre définitivement le césaropapisme en Occident.

Xe Concile œcuménique – Le concile de Latran II (4-11 avril 1139) liquida le schisme de l’antipape Anaclet II et lutta à nouveau contre le nicolaïsme. Une centaine d’évêques y participa.

XIIe Concile œcuménique – Le concile de Latran III (mars 1179). Il fut provoqué par le schisme de l’antipape Calixte III. Le Concile ratifia la Paix de Venise (1177) entre le pape et l’empereur, et traita du mode d’élection des papes. Il vit aussi la condamnation des cathares, qui professaient deux principes se livrant une lutte implacable dans le monde : d’un côté, le Bien d’où procède tout ce qui est lumière et esprit, de l’autre, le Mal d’où vient tout ce qui est matière. Pour se libérer du mal, il faut se libérer du monde, en particulier du corps. 200 participants à ce Concile.

XIIIe Concile œcuménique – Le concile de Latran IV (du 11 au 30 novembre 1215) convoqué par le Pape Innocent III prolongea la lutte contre les hérésies, surtout les cathares. Il mit également au point une discipline des sacrements, notamment la confession, l’eucharistie et la communion annuelle. Il contribua aussi à la lutte contre l’islam. Latran IV marque l'apogée de la chrétienté médiévale et de la papauté après l'effort de renouveau inauguré, 150 ans plus tôt, par les réformateurs du XIe siècle (en particulier par Grégoire VII). Les décisions de ce Concile renforcent l'emprise du Saint-Siège sur la chrétienté occidentale.

XIVe Concile œcuménique – Le concile de Lyon I (entre le 26 juin et le 17 juillet 1245) s’inscrivit dans la lutte entre la papauté et le Saint Empire romain germanique. Il excommunia et tenta (sans succès) de déposer l’empereur germanique Frédéric II, adversaire redoutable par son intelligence et son cynisme. Après le concile, les empereurs abandonnèrent la prétention au caractère sacré qu’Othon et ses successeurs, fascinés par Charlemagne, avaient constamment ambitionné de se voir reconnaître. Le concile demanda également que soit défendue la Terre Sainte. Il se déroula en présence de 150 évêques et Pères abbés.

XVe Concile œcuménique – Le concile de Lyon II, convoqué en 1274 peu après une longue vacance du Saint-Siège. Il a été présidé par le pape Grégoire X, réunissant environ cinq cents évêques, soixante abbés et plus de mille prélats. La première session s'est ouverte 7 mai 1274, avec cinq sessions additionnelles les 18 mai, 7 juin, 6 juillet, 16 juillet et 17 juillet. Les principaux sujets étaient : la conquête de la Terre sainte, l'union des églises d'Orient et d'Occident, l'élection pontificale avec l’institution du Conclave. Thomas d'Aquin avait été convoqué au concile, mais mourut en route à Fossanova. Bonaventure de Bagnorea était présent aux quatre premières sessions, mais mourut à Lyon le 15 juillet. Lyon II réalisa aussi la première union, hélas éphémère entre l’Église catholique latine et l’Église grecque depuis le Schisme. Souhaitant en finir avec le schisme entre Rome et Constantinople, Grégoire X avait envoyé une ambassade à Michel Paléologue et avait demandé aux chefs latins dans l'est de limiter leurs ambitions. L'ex-patriarche de Constantinople Germain III, le grand logothète Georges Akropolitès et d'autres dignitaires orientaux arrivèrent à Lyon le 24 juin, présentant une lettre de l'empereur. Le 29 juin, Grégoire X célébra la messe dans l'église Saint-Jean, où les deux partis prirent place. Les Grecs lurent le symbole de Nicée, avec l'addition occidentale controversée du Filioque, chanté trois fois. Le concile était apparemment un succès, mais n'a pas fourni une solution durable au schisme.

XVIe Concile oecuménique – Le concile de Vienne (1311-1312). Il se réunit pour discuter principalement de l’avenir de l’Ordre du Temple. Après moult tergiversations, il décida la suppression de l’ordre des Templiers, mais sans les condamner.

 

2 - Réflexions sans anachronisme sur les turbulences de la chrétienté du fait du grand schisme d’Orient et du grand schisme d’Occident.

Nous constatons d’abord les graves conséquences du « grand schisme » entre Rome et Byzance (le schisme d'Orient). A l’exception du Concile de Lyon II, aucun évêque oriental ou délégué n’a participé aux 8 Conciles dits œcuméniques. C’est un appauvrissement pour l’Eglise qui ne respire plus avec ses deux poumons ! Mais les Conciles - c’est un fait historique lié à cette crise !- ne sont plus convoqués par l’Empereur. C’est le Pape qui les convoque !

L’Eglise universelle, fondée par Jésus, subsiste dans l’Eglise romaine. Le Concile Vatican II n’a pas été infidèle à cette réalité historique dans la Constitution dogmatique Lumen Gentium. Affirmer cela ne signifie pas identifier l’Eglise universelle avec l’Eglise catholique. Nous ne devons pas oublier, avec le Concile Vatican II, que de nombreux éléments de l’Eglise universelle se trouvent dans les Eglises orientales séparées de Rome. Citons, pour être objectif, ce que déclarait le Patriarche Bartholoméos en 2004 (cf. 30 giorni n°1 2004) : « En 1204, Constantinople a été saccagée de façon inhumaine et barbare, comme si c’était une ville d’infidèles et non de chrétiens partageant la foi des assaillants. La hiérarchie ecclésiastique latine a été installée dans cette ville comme dans beaucoup d’autres, comme si la hiérarchie orthodoxe n’était pas chrétienne. Il a été proclamé qu’au dehors de l’Église pontificale il n’y a pas de salut, ce qui signifiait que l’Église orthodoxe ne sauve pas les âmes. C’est alors qu’un effort imposant de latinisation – de matrice franque – de l’Église orthodoxe d’Orient a été entrepris. Latinisation qui été réalisée ensuite de façon systématique. Ce comportement d’une extrême dureté a creusé l’abîme psychologique qui sépare l’Orient et l’Occident. Et c’est ainsi que l’on est arrivé à la situation actuelle dans laquelle de nombreuses Églises orthodoxes, unanimement ou en majorité, contestent la sincérité des intentions unionistes de l’Église catholique romaine à l’égard de l’Église orthodoxe et regardent avec méfiance l’espoir d’arriver à l’union à travers le dialogue. Ils ne voient dans cette tentative qu’un moyen pour l’Église catholique d’absorber les orthodoxes et de les soumettre au Pape. Nous, personnellement, nous considérons que le dialogue est toujours utile et nous espérons qu’il portera ses fruits, même s’ils mûrissent lentement. Au-delà des tentatives humaines de la bonne volonté, nous comptons sur l’illumination de l’Esprit Saint, sur la grâce divine qui guérit les maladies et supplée ce qui manque ». Ces paroles du Patriarche Bartholoméos doivent nous aider à mieux comprendre pourquoi l’unité entre l’Eglise romaine et l’Eglise orthodoxe est si longue à être réalisée.

En ce qui concerne le Schisme d'Occident, nous ne pouvons pas, dans le cadre de cette première causerie, vous donner une synthèse objective et complète sur ce grand schisme. Mais nous ne pouvons pas, non plus, passer sous silence les conséquences désastreuses pour l’Eglise romaine de ce grand schisme.

Distinguons, d’abord, les deux périodes de présence des Papes à Avignon :

La première, de 1309 à 1378, celle de la papauté d’Avignon proprement dite, correspond à une époque où le pape, toujours reconnu unique chef de l’Église catholique romaine, et sa cour se trouvent installés dans la ville d’Avignon au lieu de Rome.

La seconde, de 1378 à 1418, coïncide avec le Grand Schisme d’Occident où deux papes rivaux prétendent régner sur la chrétienté, l’un installé à Rome, et l’autre à Avignon.

Les raisons de l’installation des Papes à Avignon sont des raisons politiques. Le Pape Boniface VIII, le 8 septembre 1303, est giflé par Guillaume de Nogaret, l’envoyé de Philippe le Bel. Le Pape mourra quelques semaines plus tard. Les historiens parlent de cette page peu glorieuse pour la France de l’attentat d'Anagni. Nous sommes là en plein cœur du conflit entre le pouvoir séculier du roi et le pouvoir spirituel du Pape. La distinction des pouvoirs temporel et spirituel ne s’était pas encore faite. Quel pouvoir devait primer sur l’autre ? Benoît XI est élu le 22 octobre 1303 dans une atmosphère des plus tendues. Il annule la plupart des mesures de Boniface VIII de nature à vexer le puissant roi de France avant de mourir lui-même le 7 juillet 1304. Il faudra attendre 11 mois avant d’élire un successeur : le Français Bertrand de Got, prélat diplomate et juriste éminent, resté neutre dans la querelle entre Philippe le Bel et Boniface VIII. Il prend le nom de Clément V et renonce à se rendre à Rome par crainte des intrigues locales et des risques liés au conflit des guelfes et des gibelins. Il se fait couronner à Lyon, en terre d'Empire, le 1er novembre 1305. Si Rome, dès l'Antiquité, avait dû sa puissance et sa grandeur à sa position centrale dans le bassin méditerranéen, elle avait perdu de l'importance et, dans cette fin du Moyen Âge, le centre de gravité du monde chrétien s'était déplacé. La situation d'Avignon était bien plus favorable géographiquement et politiquement. Les sept papes qui siégeront à Avignon de 1305 à 1377 sont tous Français.

(Suite samedi prochain !)

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